Les batteries des véhicules électriques sont à changer régulièrement : vrai ou faux ?

Lorsqu’on évoque le sujet des véhicules électriques, il n’est pas rare d’entendre leurs détracteurs souligner l’usure des batteries, en plus de la complexité de les recycler (dont nous vous parlions déjà ici), afin de les dévaloriser et mettre en avant le gouffre financier qu’ils représenteraient. Une étude de Geotab (solutions de gestion de flotte et de suivi de véhicules) laisse entendre le contraire. Que dit cette étude ?

    Des questions légitimes et des conditions d’études intéressantes.

    Dans cette étude, disponible en anglais uniquement pour le moment, Geotab s’interroge sur la santé de ces batteries et leur capacité à résister au temps qui passe. Avec des coûts de remplacement qui peuvent atteindre des sommes très importantes, la question mérite de se poser, tant on sait que la batterie d’un véhicule électrique est un élément essentiel à son bon fonctionnement, et tant on suppose que son usure ne dépassera pas l’âge moyen du parc automobile, qui est actuellement d’un peu plus de 12 ans.

    En s’appuyant sur 10 000 voitures électriques pour étayer leur étude, les données recueillies sont suffisamment nombreuses et diverses pour nous apporter un éclairage précieux sur ce sujet d’importance capitale pour les véhicules électriques.

    Des conclusions très éloignées de celles attendues.

    La conclusion la plus importante de cette étude, et qui bouleverse les idées que nous pouvons avoir sur la longévité des batteries, est que la dégradation des batteries est d’à peine 1,8% par an. Ce qui signifie, selon les auteurs de l’étude, que la grande majorité des batteries durera plus longtemps que le véhicule et qu’elles n’auront jamais à être remplacées. En partant de la courbe observée dans le graphique ci-dessous, une batterie continuera à être en mesure de stocker 80% de l’énergie qu’elle pouvait stocker à l’origine cinq ans après.

    Source : https://www.geotab.com/blog/ev-battery-health/

    A titre d’exemple, un véhicule électrique disposant d’une autonomie de 300 miles lors de sa mise à la route (soit 483 kilomètres environ), perdrait 21 miles d’autonomie (soit 34 km) au bout de cinq ans et 45 miles (soit 72 km) en dix ans, soit une perte de seulement 15% d’autonomie en dix ans. 

    Ce ne sont pas les seules conclusions qui interpellent : ainsi, l’étude suggère que les batteries ne risquent rien à être sollicitées de manière continue -en précisant cependant que pour une utilisation prolongée, la batterie pouvait s’abimer plus rapidement en multipliant les recharges rapides et ultra-rapides (charges supérieures à 240 V).

    De même, le nombre de kilomètres effectués dans l’année ne jouera pas sur la dégradation de la batterie et sur sa durée de vie, comme le montre le graphique ci-dessous. On constate bien une différence, mais celle-ci n’est pas significative.

    Source : https://www.geotab.com/blog/ev-battery-health/

    Les véritables facteurs de détérioration identifiés et les limites de l’étude. 

    Là où l’étude peut néanmoins comporter certaines limites, qu’elle reconnaît d’ailleurs, c’est en considérant que la dégradation de la batterie est linéaire en tant que règle générale : même si le modèle de courbe, comme on peut le voir sur le graphique, est documenté, il ne suffit pas à exclure qu’à un moment donné (à partir de la 6ème année par exemple) la dégradation de la batterie ne s’accélère subitement.

    L’étude précise également que les observations générales effectuées en analysant leurs données ne pouvaient s’appliquer à tous les modèles : elle n’en demeure pas moins intéressante pour tirer des enseignements et chercher à mieux appréhender comment les véhicules électriques peuvent s’intégrer dans une flotte et rassurer les sceptiques sur la longévité et la fiabilité de leurs batteries.

    L’étude insiste également sur des facteurs qui semblent immuables, peu importe les modèles étudiés : faire attention aux températures élevées -ou s’équiper de véhicules disposant d’un moyen de refroidir la batterie adéquat, et éviter de ne faire que des recharges ultra-rapides et de charger jusqu’à 100% la batterie en permanence.

    Cette étude, même si elle ne parvient pas à répondre à toutes les interrogations concernant les batteries des véhicules électriques, avance des arguments intéressants qui, sans aucun doute, viendront alimenter un débat déjà bien animé.