Lors de la journée de la Filière Automobile, le 24 octobre dernier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a pris la parole pour confirmer les échéances à venir pour le secteur. Au programme : transition énergétique, « défi historique » et révolution technologique.
« Passer du siècle thermique au siècle électrique ».
Nous sommes certainement à l’aube de la plus grande transformation automobile depuis l’invention du moteur à explosion. Dans ce contexte incertain, l’ensemble du secteur attendait des points d’étapes clairs de la part du gouvernement, ce que M. Le Maire a bien pris en compte dans son discours : « Comme l’a annoncé le Président de la République, je vous confirme notre objectif de produire 2 millions de voitures électriques d’ici 2030, avec une étape intermédiaire à 800 000 unités dès 2027, et d’arrêter la vente des véhicules thermiques en 2035. Nous avons un défi historique à relever : celui d’une révolution technologique qui nous fait passer du siècle thermique au siècle électrique ».
Electrifier le continent : comment rattraper le retard ?
Comme nous vous en parlions déjà dans cet article, la Chine a aujourd’hui la plus grande part de production des batteries produites dans le monde, 60%. Ce que ne manque pas de relever M. le Ministre, en expliquant que « ce défi est d’autant plus difficile à relever que la Chine a pris cinq années d’avance ».
Il est donc difficile, aujourd’hui, de se passer d’elle pour la construction de véhicules électriques. Pas une fin en soi, d’après le ministre de l’Economie, qui explique que « la détermination de certains patrons a permis de rattraper notre retard et, d’ici 15 ans, nous pourrons produire les meilleures batteries électriques au monde sur le territoire européen. Nous avons inauguré ensemble la première usine ACC à Douvrin, qui est un modèle. Nous ouvrirons au total quatre gigafactories en France avec Verkor, Envision et Prologium ». De très bonnes nouvelles à la fois pour l’économie des zones choisies et pour l’autonomie de l’Europe sur leur approvisionnement en batteries.
« Pas de batterie sans métaux ».
Dans le même temps, la Chine annonçait vouloir limiter les exportations de métaux rares nécessaires à la production de ces batteries. Ce que Bruno Le Maire ne perçoit pourtant pas comme un obstacle : « Nous sécuriserons aussi l’approvisionnement en métaux rares (nickel, cobalt, titane…), car il n’y a pas de batterie sans métaux. Nous mettrons en place un « fonds métaux » qui doit être opérationnel au plus tard début 2024. L’Etat mettra 500 millions d’euros dans ce fonds. Je souhaite que ce fonds représente au total 1,5 milliard d’euros.
La production de batteries électriques sera également aidée fiscalement pour les entreprises : « Je rappelle aussi que la production de batteries électriques en France bénéficiera du « crédit d’impôt industrie verte », qui sera mis en œuvre au 1er janvier 2024. »
Les cinq piliers fondamentaux sur lesquels s’appuyer
Pour « redevenir une nation de production et plus seulement une nation de consommation », selon les mots du ministre, il y a cinq leviers à actionner :
- « La formation, la qualification, l’attractivité des métiers industriels » ;
- « La poursuite de la baisse des impôts de production » ;
- « Les allégements de charge » ;
- « Une politique européenne encore plus offensive » ;
- « Une politique énergétique qui permette un accès à une électricité abordable et décarbonée ».
De la formation, des incitations fiscales, en plus d’une coopération au niveau européen seraient donc les clés de la réussite pour une transition énergétique efficace selon Bruno Le Maire. L’avenir nous dira si les étapes définies en amont seront suffisantes, mais le secteur automobile a en tout cas dorénavant une feuille de route plus précise.